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Dr. Inge Declercq
Neurologue et spécialiste du stress et sommeil
Entre 60 et 80 % de vos collègues de travail souffrent de stress chronique lié au travail. Se déconnecter consciemment chaque jour est le meilleur remède. Mais comment faire ? Nous avons posé la question à Inge Declercq, neurologue et experte en sommeil et en gestion du stress.
Nous sommes tous parfois confrontés au stress, et ce n'est pas grave. Une dose saine de stress est même nécessaire pour bien fonctionner, car elle renforce votre vigilance. Mais lorsque le stress devient chronique, cela devient problématique. Votre corps et votre cerveau envoient alors des signaux d'alarme pour indiquer que vous dépassez vos limites.
Selon Inge Declercq, l'un des signaux d'alarme les plus courants est que vous devenez moins efficace : « Vous n'arrivez pas à terminer votre travail, vous êtes constamment distrait et vous n'avancez pas. Il devient également plus difficile de penser clairement. Vous avez plus de difficultés à trouver des solutions, votre capacité de réflexion créative est réduite et prendre des décisions semble insurmontable. Et puis il y a le sommeil qui laisse à désirer ! Vous passez des heures à vous tracasser avant de vous endormir et vous vous réveillez la nuit pour continuer à vous inquiéter. »
Étant donné que notre niveau de stress est en constante augmentation, le gouvernement souhaite nous encou- rager à mieux séparer le travail de notre vie privée. Depuis le 1er avril 2023, nous avons officiellement le droit d'être « hors ligne » en dehors des heures de travail, comme le prévoit le soi-disant « droit à la déconnexion ». Cependant, selon Inge Declercq, le texte de loi ne reflète pas suffisament la réalité du problème : « Le fait que la déconnexion soit devenue un droit n'est pas nécessairement un signe de progrès. Le texte de loi met l'accent de manière unilatérale sur les e-mails et les outils numériques. Les employeurs doivent donner aux employés la possibilité de se libérer des outils numériques après les heures de travail. Mais pour ceux qui veulent vraiment se déconnecter, il vaut mieux envisager la situation de manière plus large que ce que prévoit le texte de loi. »
Selon Inge Declercq, il faut se déconnecter à la fois physiquement et mentalement :
Bien sûr, vous vous déconnectez après le travail. Inge Declercq : « Mettez consciemment votre cerveau en veille. Faites quelque chose qui vous plaît : prenez le temps de vous ressourcer et recherchez la tranquillité mentale. » Mais vous pouvez également vous déconnecter pendant votre travail : « Pendant les heures de travail, les micro-pauses sont un excéllent moyen de garder votre cerveau en bonne santé. Cela peut être une pause respiratoire d'une minute, ou une pause déjeuner d’au moins 10 minutes pendant laquelle vous êtes simplement concentré sur le déjeuner et les collègues.»
“Très important : une pause numérique n'est pas une pause. Préférez plutôt vous tenir devant une fenêtre entre deux réunions.”
Faire une pause semble parfois être une perte de temps, surtout lorsque vous êtes très occupé. Pourtant, c'est le contraire, souligne Inge Declercq : « Ceux qui ne se déconnectent pas suffisamment mettent jusqu'à 55 % de plus pour accomplir une tâche. Se déconnecter de temps en temps présente encore plus d'avantages. Cela fait de vous un meilleur employé et collègue. Lorsque vous prenez le temps d'un déjeuner ou d'une pause promenade ensemble, vous investissez dans vos liens sociaux. Vos compétences sociales s'améliorent et votre relation, votre reconnexion avec vos collègues se renforce. Votre bonheur au travail augmente, votre stress professionnel diminue, vous développez une plus grande résilience et vous contribuez à votre santé physique et mentale. Que des avantages donc. »
Inge Declercq parvient-elle elle-même à dormir suffisamment et à se déconnecter ? « Absolument. Les micro-pauses, l'exercice et la déconnexion font partie de mes rituels quotidiens. Une fois que nous aurons terminé cette conversation, je vais m'amuser un peu sur ma terrasse et faire quelques exercices. Si je restais assise devant mon ordinateur et que je me mettais immédiatement à faire quelque chose d'intellectuel, je serais moins efficace et je perdrais du temps. »
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