Un regard critique sur la critique

La critique fait mal si nous croyons que ce que dit l’autre est vrai

Gudrun Hespel : « Moins vous avez confiance en vous, plus vous aurez tendance à accepter les commentaires des autres. Alors que l’autre personne peut très bien avoir tort. La question que vous devez vous poser c’est : pouvez-vous prouver que ce que cette personne dit est vrai ?

Un exemple : quelqu’un m’a un jour dit que j’étais trop enthousiaste dans mes vidéos d’entraînements sportifs. J’ai décidé de ne pas tenir compte de cette remarque parce que ce même enthousiasme est justement ce qui plaît à d’autres. Je reste donc moi-même, enthousiaste, sans m'inquiéter de savoir si je le suis trop pour certains.

Recevoir une critique sur ce que vous faites, n’est pas une critique de qui vous êtes

Gudrun Hespel : « Il est primordial de ne pas faire d’une critique un jugement de votre personne. Imaginons que vous ayez fait quelque chose de stupide.

Par exemple : vous lisez rapidement ce message sur votre téléphone en quittant votre place de parking en marche arrière, et vous heurtez un bac à fleurs que vous n’aviez pas vu. Résultat ? Des frais de carrosserie et des tonnes de critiques de la part de votre entourage. Considérez alors ces critiques effectivement comme un commentaire sur vos actions, et non sur vous en tant que personne. Vous n’êtes pas stupide. C’est votre comportement qui l’a été."

Quelqu'un peut vous aimer et vous critiquer quand même

Gudrun Hespel : « La critique n'est pas un rejet. Mais les critiques émanant de personnes que nous aimons, comme nos parents, notre partenaire, nos enfants ou nos amis proches, sont plus difficiles à supporter. Si votre partenaire passe une mauvaise journée et vous dit que vous êtes pénible, vous ne devez absolument pas considérer cela comme un rejet de vous en tant que personne ou en tant que partenaire. »

La critique est influencée par la vision du monde et l'éducation de chacun

Gudrun Hespel : « Nous avons tous été élevés différemment. C'est pourquoi nous vivons certaines choses de manière totalement différente. Si une connaissance réagit à votre nouveau tatouage par : « Hmm, c’est un peu de mauvais goût, non ? », il s’agit alors d’une (fausse) croyance dans le mode de vie de cette personne. Cela signifie-t-il pour autant que cette affirmation est vraie ? Pas du tout. La critique vient toujours de la perception de l'autre. Et celle-ci ne correspond peut-être pas à vos valeurs ou à votre perception. Et ce n’est pas grave ! »

Derrière la critique, il y a presque toujours un besoin ou un sentiment

Gudrun Hespel : « Votre mère vous fait une énième remarque sur votre poids ? Demandez-vous alors sincèrement ce qui se cache derrière ce commentaire. Il y a de fortes chances qu'elle le fasse par souci : elle veut que son enfant soit heureux et en bonne santé.

Au lieu de passer immédiatement à l'offensive, il est plus judicieux de lui dire ce que vous ressentez et ce dont vous avez besoin. Par exemple : Les commentaires sur mon poids me donnent une moins bonne image de moi-même, ce qui me donne encore moins envie de prendre soin de moi. Cela m'aiderait davantage si tu m'appréciais pour ce que je suis au lieu de te focaliser sur mon poids. »

Le body shaming est aussi une sorte de critique

Gudrun Hespel : « Le body shaming est une catégorie de critiques à part : cela signifie faire des remarques négatives, haineuses ou moqueuses sur l'apparence d'une personne dans le but de la blesser. Cela arrive beaucoup trop souvent, surtout en ligne : derrière un écran, le harceleur s'imagine presque à l'abri des conséquences de ce comportement inacceptable.

Si vous êtes victime de body shaming, c'est épouvantable. La meilleure chose que vous puissiez faire, en plus de prendre des mesures pratiques pour arrêter les auteurs, est de vous entourer autant que possible de personnes bienveillantes à votre égard.

Et n'oubliez pas ces trois choses :

1. Les body shamers se sentent mieux dans leur peau lorsqu'ils s'en prennent aux autres
2. Les body shamers diront tout et n'importe quoi pour que vous vous sentiez mal, même si ce n’est pas vrai
3. Les body shamers ne réussissent que lorsque vous considérez leur haine comme la vérité