Les centres d’avortement néerlandophones lancent une campagne plaidant pour une nouvelle loi sur l’avortement
Les centres d’avortement de LUNA asbl et VUB Dilemma lancent une campagne appelant à une nouvelle loi sur l’avortement. Après avoir enregistré plus de 10 000 patientes qui se sont rendues dans les centres l’année dernière pour une première consultation et près de 8 300 traitements, ils estiment que le besoin en soins qualitatifs en matière d’avortement est plus aigu que jamais. Selon eux, il est grand temps de plancher sur une loi qui soit en phase avec son temps et qui réponde aux besoins et aux questions des personnes confrontées à une grossesse non planifiée ou non désirée.
Carine Vrancken, directrice de LUNA asbl :
« Plus que jamais, nous sommes confrontés dans la pratique aux limites de la loi actuelle sur l’avortement. L’année dernière, un comité scientifique composé d’experts est parvenu à la même conclusion et a publié un rapport contenant des recommandations relatives à la loi sur l’avortement. Celles-ci portaient notamment sur la suppression du délai d’attente obligatoire de six jours, la prolongation du délai d’interruption de grossesse et l’accessibilité de la contraception pour tous. Des avis et des recommandations qui rejoignent parfaitement les besoins du secteur et sur lesquels mise cette campagne. »
« Le moins possible, mais autant que nécessaire »
Les responsables politiques et les faiseurs d’opinion limitent souvent le débat aux chiffres de l’avortement. « Pourtant, le nombre d’avortements est moins pertinent », affirme Françoise Dedrie, directrice de LUNA asbl. « Quand il s’agit d’avortement, nous appliquons le principe suivant : "le moins possible, mais autant que nécessaire". Nous devons surtout nous intéresser aux histoires et aux personnes qui se cachent derrière les chiffres. Il s’agit de femmes et de couples confrontés à une grossesse non planifiée et qui réfléchissent consciencieusement à la parentalité, en faisant preuve d’un grand sens des responsabilités. En outre, une modification de la loi n’entraînera pas plus d’avortements, mais elle aidera plus de femmes dans notre pays. »
Le choix d’interrompre ou non une grossesse est toujours influencé par plusieurs facteurs. Par conséquent, l’augmentation du nombre de patientes dans les centres d’avortement ne peut être attribuée à une cause spécifique. Des facteurs sociaux peuvent influencer les choix vis-à-vis de la grossesse. « Nous vivons une époque incertaine. Les gens s’inquiètent peut-être du coût de la vie en augmentation, ou des conflits internationaux, comme la guerre en Ukraine. La façon dont les individus envisagent la planification et la composition de la famille a également changé au fil du temps », poursuit Françoise Dedrie. « Dans d’autres pays européens aussi, un nombre croissant de personnes se tournent vers les centres d’avortement. »
Recul de la pilule comme moyen de contraception
La campagne plaide entre autres en faveur d’une contraception accessible et abordable pour les femmes et les hommes. Les chiffres des centres d’avortement néerlandophones montrent que 62 % des femmes ayant subi un avortement au cours de l’année écoulée utilisaient une forme de contraception.
« Nous observons une évolution ces dernières années », déclare Nausikaa Martens de VUB Dilemma. « Alors qu’il y a dix ans, 31 % des femmes prenaient la pilule orale pour interrompre leur grossesse, elles ne sont plus que 19 % aujourd’hui. Parallèlement, l’utilisation du préservatif augmente (de 16 % à 20 %), tout comme le nombre de personnes pratiquant l’abstinence périodique (de 4 % à 9 % en 2023). Cela confirme la tendance selon laquelle de plus en plus de personnes semblent abandonner la contraception hormonale. Un tiers des patientes traitées quittent le centre avec une forme de contraception à long terme, comme un stérilet ou un implant. Il est particulièrement important que les personnes soient bien informées et puissent choisir une forme de contraception adaptée à leur mode de vie et à leurs attentes. Le coût ne devrait pas constituer un obstacle, quel que soit l’âge. »
Délai d’attente pénible
En Belgique, l’avortement « sur demande » est possible au cours des 12 premières semaines suivant la conception. La procédure d’avortement est définie par la loi et comprend toujours une première consultation et un délai d’attente obligatoire d’au moins six jours entre la consultation et un éventuel traitement. Bon nombre de femmes considèrent ce délai d’attente obligatoire comme inutile et pénible, d’après une enquête de satisfaction menée par LUNA auprès de quelque 600 patientes.
« Les gens ont généralement bien réfléchi avant de se rendre dans un centre d’avortement », explique Carine Vrancken. « Le processus de réflexion ne commence pas à la première consultation. Les femmes ou les couples peuvent décider - d’un commun accord - du temps dont ils ont besoin pour prendre une bonne décision. Le rapport d’expertise le confirme également. »
Traitement onéreux à l’étranger
Les centres d’avortement néerlandophones confondus ont enregistré 10 080 premières consultations en 2023. Et 82 % des patientes ont également subi un avortement. Ce taux reste stable au fil des années. Parmi les femmes restantes, 3 % décident de poursuivre leur grossesse, 3 % font une fausse couche spontanée, 2 % se révèlent finalement ne pas être enceintes et 8 % ne laissent aucune information de suivi. Enfin, 2 % des femmes doivent se rendre à l’étranger en raison de l’avancement de leur grossesse.
« Pour nos seuls centres, il s’agit de 165 femmes qui, souvent à un moment vulnérable de leur vie, sont contraintes de se rendre aux Pays-Bas pour y subir un avortement non remboursé (coûtant plus de 1 000 euros) et moins encadré », ajoute Françoise Dedrie. « Que faisons-nous si nous obligeons des femmes vulnérables à rester enceintes ? Et surtout, quel est notre but ? »
La campagne plaide pour une nouvelle loi
La campagne comprend la publication d’une brochure intitulée « Abortus, en dan ? » (« L’avortement, et après ? ») - réalisée en collaboration avec l’illustratrice Margot Cattersel (@vageinig) - expliquant et illustrant l’avortement d’une manière accessible et abordable. Grâce à cette publication, nous donnons également la parole aux personnes qui ont subi un avortement en partageant leurs histoires et leurs expériences.
Des cartes postales ont également été créées à partir de certaines illustrations et sont largement distribuées par l’intermédiaire des centres d’avortement et des organisations partenaires. Les centres d’avortement encouragent les individus à écrire leurs objections, leurs aspirations et leurs suggestions concernant la loi actuelle sur l’avortement et à les transmettre aux responsables politiques de notre pays. Ils lancent également une campagne en ligne en collaboration avec deMens.nu. Il est possible de partager une carte et un message par voie numérique sur www.abortusendan.be. Les organisations souhaitent se rendre rue de la Loi avec un sac rempli de cartes postales afin d’attirer l’attention sur la thématique et de demander une nouvelle loi sur l’avortement.
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